( BILAN )
La start-up 121Time se trouve au pied du mur. Pile, elle le franchit et devient numéro un mondial. Face, elle s'écroule. Depuis deux ans, la petite société horlogère propose à ses clients, avec succès, une plate-forme technologique performante qui propose de composer sa propre montre directement sur l'Internet, court-circuitant ainsi les grossistes et les détaillants. La grande force de cette société web-based, c'est d'offrir un prix imbattable pour du Swiss made en révolutionnant un marché qui pourrait représenter, selon certaines estimations, 10% de toutes les montres vendues dans le monde.
Comme toutes les jeunes sociétés, 121TIME cherche aujourd'hui de l'argent. Beaucoup d'argent. L'objectif est de lever 10 millions de francs pour percer sur les marchés internationaux (Etats-Unis et Japon). La course aux investisseurs a commencé il y a deux mois. Même si les premières approches s'annoncent tendues, 121TIME vient de recevoir un appui extrêmement important. Le professeur Frank Piller, du célèbre Massachusetts Institut of Technology (MIT) ne tarit en effet pas d'éloges. '121TIME fait partie des sociétés leaders dans son domaine. Son site Internet et les outils développés sont au top mondial. Je cite souvent cette start-up comme le meilleur exemple technologique de ce qu'il faut faire. J'utilise la société dans mes cours au MIT et dans mes conférences', écrit le professeur dans une lettre datée du 10 avril. Il insiste encore sur un point. 'Je connais le cas de grandes compagnies qui ont investi plus de 60 millions de francs pour aboutir à des résultats moins bons que 121TIME, qui a dépensé une somme infiniment plus petite. Ce succès a aussi été rendu possible grâce aux compétences de l'équipe dirigeante', conclut Frank Piller. Ces louanges tombent à pic, mais ne font pas pour autant, tourner la tête de Frédéric Polli, le CEO de 121TIME. 'Le soutien du MIT fait évidemment très plaisir. Il vient confirmer que la plate-forme technologique mise au point à Martigny est au sommet. Ce qu'il faut maintenant, c'est parvenir à augmenter nos ventes. ' Et voilà. L'abcès est crevé.
Les cas de figure
Malgré des résultats financiers à l'équilibre, la jeune pousse ne parvient pas à faire décoller ses ventes. A fin 2005, 7500 montres ont été vendues en presque deux ans pour un montant total d'environ 2 millions, soit un prix moyen de 370 francs en 2005. C'est bien, mais le jeune patron (38 ans) et son équipe en veulent plus. Beaucoup plus. 'Notre objectif est d'atteindre 4 millions de chiffre d'affaires en 2006, puis 111 millions en 2010 pour un demi-million de montres vendues. Le nombre de salariés passerait alors de 10 à 47', annonce, très ambitieux, Frédéric Polli. Trop ambitieux peut-être? 'Nous souhaitons devenir numéro un mondial dans notre domaine. Notre objectif est de nous transformer en Dell de l'horlogerie. C'est pourquoi nous avons besoin de l'appui financier de nouveaux investisseurs' poursuit, sans flancher, le patron qui ne cache pas que les premières approches avec les fameux ventures capitalistes se déroulent parfois dans un climat tendu. 'En Suisse, ils ne prennent souvent pas assez de risque. Pour qu'ils nous fassent confiance, il faudrait que nous soyons déjà champions du monde. '
Malgré les obstacles et la difficulté de lever des fonds, Frédéric Polli ne perd pas le moral. 'Le critère le plus important pour moi, c'est les gens. Sans feeling et sans confiance, impossible de trouver un accord. ' Pour assurer sa survie, 121TIME discute également avec plusieurs grands groupes horlogers existants qui pourraient être séduits par la qualité et l'efficacité de la technologie mise en place. 'Tout est ouvert. Y compris l'abandon complet de la marque que nous vendrions à un groupe horloger intéressé conclut le patron.